Le « nouveau » chez Jean Calvin : source de scandale ou fruit de la Réforme ?

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Le « nouveau » chez Jean Calvin : source de scandale ou fruit de la Réforme ?

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« Quand Dieu ne nous auroit révélé de nostre temps la pureté de son Evangile, toutesfois, veu qu’il a resuscité les sciences humaines, qui sont propres et utiles à la conduite de nostre vie, et, en servant à nostre utilité, peuvent aussi servir à sa gloire, encore auroit-il juste raison de punir l’ingratitude de ceux qui, ne se contentans point des choses solides et bien fondées, appetent, par une ambition outrecuidée, de voltiger en l’air. Maintenant, puis qu’il nous a eslargy tous les deux, c’est qu’il nous a remis les ars et sciences en leur entier, et sur tout nous a restitué la pure cognoissance de sa doctrine celeste, pour nous mener jusques à luy et nous introduire en ses hautz secretz et admirables, s’il advient qu’aucuns, au lieu d’en faire leur profit, ayment mieux de vaguer à travers champs que de se tenir entre les bornes, ne méritent ilz pas d’estre chastiez au double ? »

Cette citation de l’Advertissement contre l’astrologie judiciaire laisserait croire que Jean Calvin se félicite de l’époque dans laquelle il vit, puisque la renaissance simultanée des Lettres et de l’Évangile semble permettre au chrétien de conduire sa vie terrestre et de servir la gloire de Dieu dans un heureuse collaboration. Pourtant cette citation est la seule de tout le corpus calvinien à associer positivement les deux renaissances, humaniste et religieuse. La position du réformateur est en réalité radicalement différente : il dit vivre au contraire un temps de « ruine et desolation »[1].  Pour bien saisir comment Calvin appréhende l’époque dans laquelle il vit et pour comprendre le sens des mots du renouveau qu’il emploie, il nous faut évoquer d’abord sa conception du temps, et le concept majeur qui la sous-tend : l’espérance.

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C’est parce qu’il estime vivre un temps de désolation que Calvin éprouve une réelle urgence à intervenir dans son époque, ce qu’exprime la veine combative de son style nerveux et éclatant. Cette urgence est d’ordre existentielle et historique, elle n’est pas d’ordre apocalyptique : très peu de discours chez Calvin sur le temps de l’histoire sainte ou celui de l’histoire profane, et la grande sobriété de son approche de l’eschatologie est frappante[2]. Le règne temporel n’intéresse pas Calvin en soi, car il est le théâtre de l’histoire profane dont le temps est compté. Son intérêt réside seulement dans l’idée qu’il est le théâtre où se déroule aussi un autre temps, qui est un vrai temps : celui de l’histoire de Dieu avec son peuple, c’est-à-dire celui de la permanence de la présence de Dieu à laquelle répond la foi ou l’impiété des hommes[3].

Cette vision du monde s’appuie sur une véritable théologie de l’histoire inhérente à la notion d’accomplissement des Écritures. Pour Calvin toutes les hérésies passées, présentes ou à venir sont comprises dans la révolte décrite en 2 Thess 2, 3[4] : « les mesmes choses que nous voyons maintenant, sont advenues aux Apostres en leur temps. »[5] Cette théologie de l’histoire se trouve étroitement indexée sur l’idée d’une duplication constante sur terre du combat céleste mené par Satan contre Dieu : « en tous aages il [Satan] a esmeu et poussé des esprits malins qui ont fasché et molesté les bons docteurs, aussi de nostre temps il s’efforce de remuer des vieilles estincelles pour allumer nouveau feu »[6]. Nous avons là un argument fondamental et constant de la pensée calvinienne, qui résulte de la conception que le réformateur se fait de la parole divine et de son orientation judiciaire, à la fois accusatrice et salvatrice. Salvatrice car sans elle le monde périrait, puisque l’homme est incapable de s’en occuper correctement[7] ; accusatrice car elle suscite naturellement la résistance des iniques[8], inspirés par Satan. Il en découle une concomitance permanente des ténèbres et de la lumière ici-bas, les luttes historiques exprimant le conflit entre l’autorité divine et les déviations humaines inspirées par Satan. Le renouveau, chez Calvin, ne saurait donc être conçu comme le retour vers un âge d’or perdu[9] : chaque période est marquée du combat du Mal contre le bien, aucune d’elle n’est parfaite, même l’époque du Christ. Lutter est inhérent à la vie du chrétien, car pour Calvin, paraphrasant le Psaume 129, 1 : « tout le corps de l’Eglise en general a esté tousjours subject et sera jusques en la fin à estre affligé par les meschans »[10].

Pour autant, le temps humain – et le temps présent avec lui – n’est pas méprisable sous sa plume de Calvin car c’est Dieu qui l’a créé et l’a destiné à manifester la révélation de ses bontés[11]. La lumière de Dieu n’a jamais été totalement éteinte ou complètement enténébrée (selon la fameuse métaphore biblique). Aucune période, même la plus sombre, ne fut totalement privée de lumière : l’épître au roi de 1536/39 en latin, puis de 1541 en français insiste sur ce point : « Et ne nous doit estre aucunement incertain, que Jesus Christ n’ait tousjours régné sur terre depuis qu’il est monté au ciel […]. »[12] Le renouveau impulsé par la Réforme n’est donc pas pensé par Calvin en termes de rupture ni d’interruption, mais plutôt de continuité du règne du Christ, plus ou moins visible extérieurement : l’histoire – biblique, prophétique, mais aussi profane – est faite non d’alternance de périodes d’obscurité et de périodes de lumière mais plutôt de clairs-obscurs, si l’on veut. Peu attaché aux périodisations, (il reste toujours vague : « voicy quelques années » ; « il y a peut-être 15 ans ou 10 ans de cela » « depuis 20 ans » ; « depuis 1200 ans ; depuis 1000 ans ; depuis 400 ans ; quelques années ci-devant »), Calvin préfère mettre en avant des personnes de l’histoire biblique ou profane : prophètes vétérotestamentaires, apôtres, mais aussi Églises des siècles anciens, sous l’autorité de Tertullien, Augustin, Irénée, Eusèbe et enfin lui-même. Ainsi, conformément à cette vision d’un temps humain soumis à la lutte éternelle de Dieu et du diable, l’histoire se trouve elle-même dominée par une sorte de double axe de tension, un axe vertical et un axe horizontal : le premier fait se succéder au cours des âges les partisans de dieu et ceux du diable, le second actualise la lutte entre chacun.

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Diable

[13]

Dieu

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Les impii

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Les prophètes

vétéro-testamentaires

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Les faux docteurs

Les apôtres, notamment

Pierre et Jude

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Les manichéens, valentiniens, gnostiques, cerdonites, etc.

Augustin, Irénée,

Tertullien, Eusèbe

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Les libertins, les an abaptistes, etc

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Jean Calvin

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Ce faisant, la lutte contemporaine qui oppose la Réforme et ses ennemis est une reduplication de celle de l’Église primitive contre les hérétiques, des apôtres contre les faux docteurs ou encore des prophètes vétéro-testamentaires contre les impii de leurs temps. En mettant en perspective ces personnages historiques comme des généalogies, Calvin peut construire l’identité du présent par rapport au passé, dans une perspective comparatiste, en utilisant les combats anciens comme une norme permettant de mesurer la validité de telle ou telle position. Cette perspective comparatiste ne me semble pas forcément véhiculer, chez Calvin, l’idée d’une déchéance progressive de l’humanité jusqu’à la fin de ce monde, comme j’ai pu le lire souvent[14]. Ce serait compter en effet sans la vertu principale qui résume l’eschatologie calvinienne : l’espérance. Si le temps humain est un temps de désolation, de péché, c’est aussi un temps de pèlerinage, c’est-à-dire d’amélioration, de perfectibilité et donc d’espérance en vue de ce que Calvin appelle « le siècle futur »[15], c’est-à-dire l’éternité[16]. Quel serait l’intérêt de patienter en souffrance, de se repentir, de faire le guet, si l’espérance ne soutenait et ne guidait les efforts du fidèle? De plus, parce que Dieu a créé le temps, il s’y manifeste : l’homme ne peut le laisse dégénérer, il doit veiller à son bon déroulement, en bref il doit intervenir. D’où l’urgence pour Calvin d’une prise de parole publique et d’une intervention en faveur d’un renouveau, dont l’avant et l’après sont généralement décrits par couples oppositionnels, selon le style oxymorique caractéristique de Calvin :

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lumière, luisante          //  ténèbres, obscurité, sombre,

révélé, remettre au dessus    //  caché, incognueu,

dressé de nouveau        //  ruine, sépulchre

érité                     //  erreur publique

remède, guérison        //  maladie, peste

ordre                 //  confusion,

se tenir entre les bornes, choses solides    //  voltiger en l’air, vaguer à travers champs

éternité            //   temps

coutusme, ancienneté    //  nouveauté

nouveauté          //  coutusme, ancienneté[17]

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Je me contenterai ici de commenter le lexique qui décrit le passage, la transition qui permet de passer de la désolation à un temps plus favorable, et qui est constitué des verbes habituels comportant le préfixe -re[18] : renaître (15 occurrences) ; restaurer/restauratio (52 occ.) ; rénover/renovari, renovatio (100 occ.) ; renouveler (110 occ.) ; restituer (restitutio, restituenda, etc., 253 occ., surtout en latin) ; reformer (453 occ., dont un bon tiers en latin) ; nouveau (600 occ.). La supériorité numérique écrasante du terme reformer/reformatio/reformare ne constitue pas une surprise. Elle n’augmente pas nécessairement avec le temps dans les écrits de Calvin et donne le ton général du sens sous lequel ces verbes sont utilisés par Calvin : pas de renouveau d’ordre temporel ici (souvenons-nous qu’il n’y a pas réellement d’âge d’or pour Calvin), mais un retour à une forme originelle : il s’agit d’une re-formation, d’une remise en forme, d’un retour à une forme initiale.

Nulle part dans la première Institution en latin en effet – sauf erreur de ma part – le substantif reformatio et le verbe reformare ne sont employés dans un sens technique : ils expriment un « retour à la règle ancienne » conformément au vocabulaire monastique de tradition chrétienne. Cela suppose que l’état présent des choses est anormalement déformé et doit être ramené à sa pureté originelle, réparé, selon le sens originel du mot[19]. Re-former signifie donc un retour à la règle de la parole divine, sans rupture mais plutôt dans l’idée d’une continuité : l’orientation générale de l’œuvre réformatrice est en effet déterminée par cette conscience de la continuité et le refus de la nouveauté. Il ne s’agit en aucun cas ici du sens actuel d’amélioration dans le cadre d’un processus continu de progrès, ou même de floraison, germe, enfance d’une époque qui va vers l’épanouissement, prémisses d’une perfection future.

Dans les premiers textes de Calvin et les premières versions de l’Institution, on rencontre deformari et deformis, au sujet des forma de l’Eglise[20], dans le sens d’une défiguration de l’Eglise[21] ; dans la préface de la première Institution, la vérité du Christ, sans être anéantie puisque cela serait impossible, est enterrée sous un amas inextricable de thèse compliquées et inutiles, sans fondement dans l’Écriture.[22] Affleure ici une critique évidente de la scolastique mais aussi d’un humanisme élitiste : en effet, une théologie qui ne parle qu’aux théologiens, qui donne dans une technicité exagérée, qui prétend définir le mystère, fait écran à la vérité et l’enterre vivante, selon une image chère au Réformateur[23]. C’est aussi ce que suggère l’adjectif semisepultae, par lequel le Réformateur désigne, dans son Epître à Sadolet, les Églises soumises au Pape. Plus tard, dans l’Institution de 1543, et dans celle de 1559, il parlera même de Christus semisepultus : « ces termes vont dans le sens d’une continuité, d’une reconstruction de l’Église de Dieu rendue possible grâce aux vestiges de son ancienne intégrité »[24].

Les conditions de possibilité de ce renouveau nécessitent de faire la part de l’essentiel et de l’accessoire pour savoir que garder et que reformer. Il ne faut pas rompre mais éliminer les « malformations » de l’Eglise, les corruptions. A l’image de Dieu qui corrige, répare, mais ne brise pas, il faut reconstruire et non laisser périr les diocèses spirituellement en ruine. Ici l’étymologie attribuée par Calvin au mot religion peut nous éclairer :

« Quant au mot de Religion, combien que Ciceron le déduise tresbien du mot de Relire, toutesfois la raison qu’il ameine est forcée et prise de trop loin, c’est que les serviteurs de Dieu ont tousjours releu et diligemment médité ce qui estoit de faire. Or plustost i’estime que ce mot est opposé à la trop grande licence et excessive, que la pluspart du monde s’est permise, c’est de prendre à la volée tout ce qui luy venoit au devant, mesme de voltiger légèrement ça et là. Religion donc emporte autant comme une retraite et discretion meure et bien fondée: car la vraye pieté, pour avoir certain arrest et ferme, se recueille en ses limites: comme il me semble que la superstition a esté nommée, de ce qu’en ne se contentant pas de ce qui estoit ordonné de Dieu, elle a fait un amas superflu de choses vaines. Or laissant les mots à part, notons que de tous temps ce poinct a esté receu d’un accord, que la droite religion estoit corrompue et pervertie, quand on y mesloit des erreurs et faussetez. »[25]

Dans l’Institution, et à la suite de Cicéron et Zwingli[26], Calvin fait dériver le mot religion de relegere au sens de « recueillir de nouveau », « rassembler de nouveau», ou au sens poétique de « rassembler le fil dans le peloton » (et non comme Augustin, qui donnait l’étymologie de religare : lier-relier). Rassembler de nouveau, c’est faire rentrer dans les limites ce qui en était sorti. Il faut, pour être dans la vraie religion, se « recueillir » dans les limites fixées par la regula de la Bible, renoncer à tous les « à côté ». Une nuance de « continence », de discrétion ou de retenue se laisse percevoir lorsque Calvin emploie, par exemple, l’expression religione contineri. Il conçoit la réforme spirituelle plutôt sur le mode discipliné, recueilli, comme une remise en ordre, si l’on évoque un terme qu’il affectionne particulièrement, et qui fait indéniablement partie des mots du renouveau.

On comprend dès lors l’horreur absolue de Calvin pour ce qui est nouveau[27], mot du renouveau lui aussi, qui sature littéralement le corpus calvinien avec pas moins de 700 occurrences (hors occurrences en latin !). La nouveauté caractérise précisément ce qui est « ajouté », ce qui « outrepasse les bornes », cette boursouflure, cette corruption, ce surplus ajoutés à la règle par l’invention humaine, inspirée par le diable. Elle est ce qui doit être rejeté amputé pour permettre le renouveau, comme l’ivraie qui étouffe le bon grain[28]. Elle est l’apanage de l’hérésie, de l’hérétique friand de nouveautés, qui aime forger de nouvelles Églises, des autels nouveaux, des canons nouveaux, une nouvelle religion et contrefaite, forger nouvelle espèce de doctrine, vaguer à travers champs, voltiger en l’air, oultrecuider, ce sont nouveaux prophètes, nouveaux docteurs, sophistes nouveaux, ils utilisent de nouveaux mots, nouveau dieu, nouveau christ, nouveau marcionites, convoiteux de nouveauté, ils songent de nouvelles révélations, inventé nouvellement, etc. Bref, l’homme superstitieux est dissipé, l’homme pieux est recueilli.

Calvin lui-même devra répondre de l’accusation de nouveauté, l’épître au roi détaille parfaitement son argumentation à ce sujet[29]. Il mobilise le passé et les figures d’autorité dont nous avons parlé (bibliques et patristiques) pour annuler ce grief, et surtout, il mise sur l’idée que la Réforme n’apporte rien de nouveau puisqu’elle consiste à revenir à la forme ancienne de la religion[30]. Cette argumentation reste constante tout au long du corpus calvinien et il est frappant de constater qu’elle est reprise à l’identique presque 20 ans plus tard dans le De scandalis en 1550.

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Je conclurai en disant que l’adjectif « nouveau » caractérise aussi le fruit du renouveau, ce qui nous oblige à noter que, sous la plume de Calvin, l’épithète désigne, avec une parfaite réversibilité, à la fois ce qui est ajouté à la règle (donc ce qui est mauvais) et à la fois ce qui a été « re-formé », ce qui a « retrouvé sa forme », qu’il s’agisse du cœur de l’homme « reformé à saincte vie » ou qu’il s’agisse des institutions[31]. C’est une Église, une politique, un homme « du tout nouveau » qui doivent advenir : trans-formés, restaurés, renouvelés, régénérés. Mais cette nouveauté, rendue possible par la grâce de Dieu, semble paradoxalement devoir rallumer de « vieilles étincelles pour produire de nouveaux feus »[32]. Le sème de la nouveauté se comporte donc chez Calvin de manière parfaitement réversible selon le point de vue adopté.

Loin d’avoir épuisé l’analyse du lexique calvinien du renouveau, j’ai voulu montrer cependant que la conception du renouveau que Calvin déploie ne peut se comprendre sans revenir à la conception du temps et de l’histoire (profane et sacrée) qui la sous-tend, elle-même gouvernée par l’idée d’une concomitance de la corruption et de la grâce à toute époque. A cet égard, la pastorale de l’espérance qui la domine me paraît incontournable pour comprendre la manière dont Calvin envisage ce renouveau, ses conditions de possibilité, et les modalités de son programme d’action. Sans elle, il serait impossible d’envisager la lumière après les ténèbres, ce que la devise de Genève, adoptée dès 1530, formule plus explicitement dans sa version initiale « Post tenebras spero lucem » (verset de Job XVII, 12) que dans sa version moderne « post tenebras lux ».

 

Luce ALBERT

Univ Angers, CIRPaLL, EA 7457, SFR Confluences

 

  1. Cf sermon XIX sur Tm3, 1-5 dans CO 54 col 226.

  2. Sobriété qui l’amène à ne pas considérer la désolation de l’époque dans la perspective de la fin du monde, comme on le voit sous la plume de certains réformés (Melanchthon, Bullinger, Osiander), et encore moins à tomber dans une pastorale de la peur, si fréquente à son époque.

  3. O. Fatio, « Remarques sur le temps et l’éternité chez Calvin », dans Bulletin du centre protestant d’études, 1988, n° 5-6, p. 26-38, à la p. 38 (repris dans Temps et eschatologie : données bibliques et problématiques contemporaines, sous la dir. de Jean-Louis Leuba, Paris, 1994, p. 161-172, à la p. 172).

  4. Voir le commentaire de 2 Th 2 ,2-3, dans NT IV, 162, CO 52, col 96-97 ; voir aussi le commentaire de 1 Jn 2, 18 : NT IV, 643 (CO 55, col. 321).

  5. Epître au roi, Institution de la religion chrestienne, édition critique par O. Millet, Genève, Droz, 2008 (édition désignée ensuite par IRC 1541) 1541 ; Voir aussi IRC 1541, I, 13, 21, etc. il s’agit d’un thème récurrent chez Calvin.

  6. IRC 1,13, 21 ; voir aussi IRC 1541, épître au roy : « C’est quasi le propre de la parolle de Dieu, que iamais elle ne vient en avant, que Satan ne s’esveille et escarmouche » ; J. Calvin, Contre la secte phantastique et furieuse…, Genève, Droz, 2005, p. 48 (édition désignée ensuite par CLL) « …il n’y a doute que tous les erreurs qui ont jamais esté et sont encor à present n’aient esté forgez en sa boutique. Ainsi ce n’est pas de merveilles, s’il a reveillé encor maintenant ceste malheureuse secte »

  7. C.-G. Dubois, La conception de l’’histoire en France au XVIe siècle, Paris, Nizet, 1977, p. 313.

  8. (Is 6, 10)

  9. Cf les billets d’Alice van de Haar, Mathieu de La Gorce et Laetitia Sansonnetti.

  10. J. Calvin, Quatre sermons traitant de matières fort utiles pour nostre temps, 1552, OOS t. 8, col. 402.

  11. Voir par exemple IRC 1541 III, 9, 2.

  12. IRC 1541, p. 144.

  13. Le sigle ↔ désigne les rapports antithétiques, le sigle ↕ désigne les rapports d’analogie.

  14. Comme chez C.-G. Dubois, par exemple : « la présence de Dieu s’impose pour la survie du monde, dans une création qui par elle-même n’est rien, et ne peut rien sauf cultiver et développer les germes de dénaturation qu’elle contient, avec le seul pouvoir de s’abandonner à sa propre corruption. », op. cit., p. 315, où il est manifeste que Dubois a sous-estimé la valeur de l’espérance chez Calvin.

  15. Cf par exemple IRC, II, XI : « la beatitude du siecle futur ».

  16. Cf les billets évoquant le mot « siècle », d’Alisa van de Haar, Mathieu de La Gorce et Laetitia Sansonetti..

  17. En gras, ces deux lignes, pour souligner la réversibilité de ces termes-ci, que je commenterai plus loin.

  18. Voir sur ce point les billets de Mathilde Bernard, Nadia Cernogora et Emmanuelle Martgart-Longuet.

  19. On ne trouve pas le mot reforme dans Huguet. On trouve reformation au sens de réparation, réforme, critique, sévérité.

  20. Voir par exemple : « Epître au roi », Institution de la religion chrestienne : « Ils ne sont pas contens si l’Eglise ne se peut tousjours monstrer au doigt. Mais combien de fois est-il advenu qu’elle a esté tellement déformée entre le peuple Iudaique, qu’il n’y restoit nulle apparence? Quelle forme pensons-nous avoir reluy en l’Eglise, lors qu’Helie se complaignoit d’avoir esté réservé seul (1 Rois 19, 11)? Combien de fois depuis l’advenement de Christ a-elle esté cachée sans forme? Combien souvent a-elle esté tellement opprimée par guerres, par seditions, par heresies, qu’elle ne se monstroit en nulle partie? Si donc ces gens icy eussent vescu de ce temps-là, eussent-ils creu qu’il y eut eu quelque Eglise? Mais il fut dit à Helie, qu’il y avoit encore sept mille hommes de reserve, qui n’avoyent point fleschy le genouil devant Baal. Et ne nous doit estre aucunement incertain, que Iesus Christ n’ait tousjours régné sur terre depuis qu’il est monté au ciel […]. » ; voir A. Ganoczy, Le jeune Calvin, genèse et évolution de sa vocation réformatrice, Wiesbaden, 1966, p. 253.

  21. L’Eglise ou la vérité est ruinée, déformée, ensevelie par les impii, adversarii, sophistae (théologiens), regnum papale (la hiérarchie romaine), autant d’adversaires auxquels Calvin attribue la responsabilité de toutes les déformations de l’Eglise.

  22. Cf A. Ganoczy, op. cit., p. 232.

  23. Cf A. Ganoczy, « Calvin avait-il conscience de reformer l’Eglise ? », Revue de philosophie et de théologie (118), 1986, p165.

  24. Ibid., p. 169.

  25. IRC 1559, I, 12, 1.

  26. Commentarius de vera et falsa religione, CR 90.

  27. Cf les billets d’Elise Leclerc, Elsa Kammerer, Corinne Manchio, et Mathilde Bernard.

  28. Idem sur ce qui est « forgez des hommes », p. 933, IRC 4, 16.

  29. Epître au roi, Institution de la religion chrestienne 1541 : « et neantmoins ils ne cessent de calomnier nostre doctrine, et la descrier et diffamer par tous moyens qu’il leur est possible, pour la rendre ou odieuse, ou suspecte. Ils l’appellent Nouvelle, et forgée puis nagueres.[…] Premièrement, en ce qu’ils l’appellent Nouvelle, ils font moût grande iniure à Dieu, duquel la sacrée parolle ne meritoit point d’estre notée de nouvelleté. Certes ie ne doute point, que touchant d’eux elle ne leur soit nouvelle: veu que Cbrist mesme, . et son Evangile leur sont nouveaux. Mais celuy qui sait que ceste predication de sainct Paul est ancienne: c’est que Iesus Christ est mort pour noz péchez, et ressuscité pour nostre iustification (Rom. 4, 25): il ne trouvera rien de nouveau entre nous. Ce qu’elle a esté long temps cachée et incogneue, le crime en est à imputer à l’impiété des hommes. Maintenant quand elle nous est rendue par la bonté de Dieu, pour le moins elle devoit estre receue en son authorité ancienne. » ; Olivier Millet a souligné, en note de son édition de l’IRC 1541, p. 153, l’importance de l’expression « rendue à son autorité ancienne » qui porte en latin « postliminii iure », expression du droit souvent utilisée par les humanistes tels que Budé pour caractériser et justifier leur entreprise de restauration de la culture antique. Au sens littéral, il s’agit du droit par lequel est restitué à quelqu’un un bien perdu du fait d’une captivité : sans même entrer dans l’ombre d’une histoire de l’Eglise, comme je l’ai dit plus haut, Calvin sous-entend cependant que la Réforme constitue la libération et le retour dans son droit de la religion après une période de captivité.

  30. Voir par exemple IRC II, III et III, 4.

  31. Calvin évoque indifféremment « des hommes avec un cœur nouveau, un nouveau cœur, cheminer en nouveauté de vie, nouvel Adam, renouvelée, face de la terre, renouvelle nos coeurs à saincte vie, nouveauté de cœur, de vie, œil nouveau, nouveau vouloir, courage nouveau », etc.

  32.  Expression que l’on retrouve partout dans le corpus calvinien.

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